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Réforme du droit des faillites en France

vendredi 28 octobre 2005

Le 7 juillet dernier, les députés et les sénateurs se sont mis d’accord sur un texte qui réforme en profondeur le droit des faillites en France, notamment en introduisant la procédure de sauvegarde. L’objectif est de mieux prévenir les difficultés des entreprises en corrigeant les défauts du droit français des procédures collectives.

En premier lieu, il crée la procédure de " sauvegarde " des entreprises. Engagée en amont de la cessation des paiements et à l’initiative du chef d’entreprise qui conserve la gestion de son entreprise, cette procédure permet de suspendre les échéances de ses dettes afin de permettre l’organisation d’une négociation entre l’entreprise et ses créanciers dans le cadre de deux comités : le comité des établissements de crédits et le comité des fournisseurs.

La procédure de " sauvegarde " des entreprises privilégie, par rapport à une logique juridique et comptable traditionnelle, une logique économique et sociale ; l’objectif est que les chefs d’entreprise puissent s’appuyer - de manière anticipée et partenariale avec leurs créanciers - sur les mécanismes innovants de cette procédure pour sauver au maximum l’activité économique et les emplois qui lui sont attachés.

Le texte prévoit également le maintien et la sécurisation juridique des autres procédures de prévention : le recours à un conciliateur ad hoc et la procédure de conciliation. Il étend l’ensemble des procédures collectives aux professions libérales et autres professionnels indépendants, en leur procurant un cadre juridique auquel ils n’ont pas accès aujourd’hui.

Par ailleurs, le texte prévoit, pour les cas où la liquidation ne peut être évitée, une procédure simplifiée, notamment pour les petites et moyennes entreprises, permettant aux entrepreneurs concernés de clore en moins d’un an le processus de liquidation et de reprendre rapidement une activité professionnelle. Le régime des sanctions contre les chefs d’entreprise en faillite est revu pour que ceux dont l’honnêteté n’est pas en cause ne voient pas leurs biens personnels saisis.

Pour plus d’information, l’article signé Valérie de Senneville paru dans les Echos le 11/07/05, repris ci-dessous fait un tour d’horizon des principales dispositions du texte :

- Le mandat ad hoc.

Confidentielle, souple et rapide, cette procédure est unanimement appréciée par les praticiens des procédures collectives. La loi de sauvegarde la consolide en l’inscrivant dans le texte. Cette formule issue de la pratique permet à un chef d’entreprise de saisir le président du tribunal de commerce afin que celui-ci désigne un mandataire pour l’assister. Tout professionnel libéral (avocat, consultant...) peut être désigné mandataire. Seuls les créanciers qui l’acceptent participent aux remises de dettes éventuelles. La procédure ne fait l’objet d’aucune validation par le juge.

- La conciliation.

C’est l’ancien règlement amiable. La procédure est ouverte aux chefs d’entreprise « en cas de difficultés prévisibles ». Comme dans le mandat, chacun y participe librement mais l’accord sera homologué par le juge. A la différence de la procédure de sauvegarde, elle ne comporte pas de suspension des paiements. Le chef d’entreprise aura le choix entre une homologation « simple », plus discrète mais sans effet vis-à-vis des tiers, et une homologation avec publicité du jugement, ce qui donne une sécurité supplémentaire aux actes passés en vue de l’accord. C’est dans ce dernier cas uniquement que le « privilège d’argent frais » octroyé aux banques qui apportent des fonds pendant la conciliation sera maintenu. Ce privilège qui leur permettra d’être payées juste après les salaires et le fisc ne concerne cependant que le paiement des créances concernant des apports de liquidités bien réels à l’exclusion de tout rééchelonnement ou réduction des dettes antérieures. De même, l’exclusion du soutien abusif ne sera définitive qu’en cas d’homologation avec publicité (voir ci-dessous)

- La sauvegarde.

Inspirée du « chapter 11 » américain, c’est l’innovation majeure du texte. La nouvelle procédure de sauvegarde est ouverte au chef d’entreprise qui éprouve des difficultés « qu’il n’est pas en mesure de surmonter et qui sont susceptibles de conduire à la cessation des paiements ». Après examen de la situation de l’entreprise, le tribunal de commerce prononce la suspension provisoire des poursuites et ouvre une période d’observation de deux mois. Le dirigeant reste aux manettes de son entreprise. Les créanciers seront organisés en deux comités, l’un réunissant tous les établissements bancaires, l’autre regroupant les principaux fournisseurs (au-dessus de 5 % des créances). A l’issue de la période d’observation, les deux comités devront voter le plan de sauvegarde à la majorité. Celle-ci sera définie par décret mais le chiffre des deux tiers du montant des créances représentant 50 % des membres est souvent avancé. Le juge aura à valider le plan. Pendant cette période, le chef d’entreprise et ses conseils n’ont pas accès - au grand dam des praticiens - à la procédure de licenciements accélérés uniquement réservée par la loi au redressement judiciaire. Cependant, en cas de licenciement, le dirigeant pourra demander l’intervention de l’AGS. A la demande du Medef, celle-ci a été très encadrée. Le mandataire devra ainsi justifier de l’insuffisance de fonds du débiteur pour solliciter l’intervention de l’AGS.

- Le redressement judiciaire.

La procédure est maintenue. Elle s’ouvre après la cessation des paiements de l’entreprise. La cession totale de l’entreprise dans le cadre du redressement sans attendre la liquidation est autorisée. La loi précise, par ailleurs, plus précisément le rôle des administrateurs et mandataires judiciaires.

- La liquidation judiciaire.

Le projet de loi crée une procédure de liquidation simplifiée pour les plus petites entreprises afin de limiter sa durée à un an. Il n’y a pas de procédure de recensement du passif quand il est clair qu’il n’y a plus rien à sauver.

- Sanctions contre le chef d’entreprise.

Le projet allège les sanctions contre les chefs d’entreprise qui se sont « simplement trompés dans leur projet économique ». Il limite ainsi à quinze ans la durée de l’interdiction de gérer et ne donne plus de durée minimale (aujourd’hui cinq ans minimum).

- Professions libérales.

L’ensemble des procédures leur est désormais ouvert.

- Créances publiques.

Le fisc et l’Urssaf sont impliqués dans la prévention des difficultés des entreprises. Désormais devant une dette impayée au bout d’un semestre (peu importe le montant), ils ont l’obligation d’avertir le tribunal de commerce, faute de quoi ils perdront leur privilège et seront payés comme les autres créanciers.



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